lundi 13 mai 2013

Carnaval

Le carnaval. C'est tout de même la première image que l'on a du Brésil, non? Les plumes, les couleurs, les jolies femmes dénudées, la musique, les chars, la folie d'une foule en délire, ce qui signifie globalement l'arrêt total d'un pays pendant 7 jours. Parait-il qu'au début du siècle c'était 3 jours. Mais le succès de la fête grandissant...

Alors on l'a préparé un petit peu ce carnaval. Il y a toujours plusieurs paramètres à prendre en compte: la réputation, la taille, la musique, et le coût!
Après un rapide sondage de l'entourage, on s'est dit que Rio c'était trop cliché (et trop cher!), que Recife c'était trop dangereux, que le Minas Gerais serait trop traditionnel (on voulait quand même faire la fête!) et que du coup il restait Salvador!
Et puis Salvador c'est Bahia de tous les saints et de presque tous les péchés, c'est Jorge Amado, c'est Capitaine des Sable, c'est le Pelourinho, c'est les influences africaines et c'est le carnaval!!

Ni une, ni deux, tout est préparé: après un petit tour par Brasília (15h de bus), nous voilà à Salvador (après 30 HEURES DE BUUUUUS!)
On arrive la veille mais c'est comme si on y était déjà. La ville se prépare pour un débarquement parait-il: tout est cadenassé, il y a des panneaux en bois devant tous les bâtiments historiques et toutes les vitrines de verre, tout est fermé, il y a du monde dans les rues, encore plus de couleurs que d'habitude et de la musique, de la musique partout, de la musique en live, de la radio, des téléphones portables, a capella, batucadas, grosses stéréos, etc. Et ce n'est pas n'importe quelle musique: c'est du axé, avec de grosses influences africaines, mais re-masteurisé par un siècle de Brésil!

On découvre nos hôtes, rencontrés sur Couchsurfing à la dernière minute, mais fiers de nous montrer leur incroyable résidence universitaire avec vue sur la mer! Internationaux et brésiliens mélangés, nous voilà lancés dans l'extravagance de cette fête hors normes. Et mine de rien, en 7 jours, une petite routine s'insinue doucement dans le petit groupe. Réveil raisonnablement tôt, découverte de la ville légendaire,  petite baignade à la plage, préparation des déguisements, dîner, sortie, et c'est reparti le lendemain! On se découvre des ressources d'énergies insoupçonnés, tous surpris pas notre endurance face à l'absence de sommeil. Mais c'est peut-être ça la magie du carnaval.

Les couples se font, se défont, se refont, se changent, se transforment, et restent parfois ensemble. Je serais incapable de nier l'érotisme exalté par le carnaval. Tout ce qu'on dit est vrai: l'extase des sens passe par la sexualité aussi; qui, libérée d'un seul coup pour tout le monde, donne à certaines heures de la nuit, des airs d'orgie à certains cortèges.

Mais comme à la fin d'une longue transe, le carnaval se termine, au grand regret de certains, au grand soulagement d'autres. Il laisse le pays exténué, ravi, lascif, et déjà prêt pour préparer la fête de l'année à venir.

Rendez-vous en 2014?

Visites

Après 6 mois de découvertes, d'apprentissages et de réinventions quotidiennes, voici venu le temps de partager! Je cite mesdames et messieurs l'arrivée de visiteurs dans votre (absence de) routine!

Savoir que l'on reçoit de la visite rend la découverte d'une ville encore plus savoureuse, dans l'optique du partage justement. On note les bonnes adresses, on est plus sensible à ce qui pourrait plaire à l'un ou l'autre des visiteurs, on mesure mieux le potentiel de dépaysement de la ville.
Et São Paulo est un morceau de choix, puisque c'est une ville qui souffre d'un à priori sans doute plus difficile que d'autres. Alors l'envie de faire oublier les préjugés, les clichés, les images préconçues nous fait redoubler d'efforts pour montrer notre chère Sampa sous son meilleur jour.

Que ce soit grâce à ma personnalité attachante ou à l'attrait de Brésil, j'ai reçu bien plus de visites que je ne pensais! J'ai donc eu le temps de constater certaines récurrences quand on reçoit de la visite en voyage.
Pendant l'été d'abord, les amis, la famille, le Noël entre copains, les retrouvailles de ses semblables, ce sont des vacances dans les vacances. Mais évidemment je ressens toujours un peu d'appréhension: est-ce que ça va bien se passer? Est-ce qu'ils vont aimer? Est-ce que ça ne sera pas trop cher? Est-ce que le temps sera bon? (Oui, je suis capable de me sentir coupable quand il pleut à São Paulo.) Mais de fait, comme c'est les vacances, tout ceci n'est pas bien important et de statut de guide j'étais heureuse de temps à temps de repasser à celui de touriste, au même titre que les autres!

Mais comme c'est une année un peu particulière et que l'on ne sait pas quand on aura l'occasion de revenir, on accepte aussi des visites pendant le semestre universitaire et c'est là que les choses se corsent! Il faut concilier les études, les retrouvailles d'un être aimé, les velléités de voyages des uns et des autres ("Rio? Tu es sûr?...") Bref, même quand on essaie de se préserver au mieux, ce n'est pas toujours facile de résister aux veillées qui s'imposent après de longues absences, de se soustraire au rythme vacancier de ses visiteurs, et de s'isoler pour étudier quand cela s'impose. Et puis c'est tellement facile de louper quelques cours "facilement rattrapables" pour guider nos visiteurs non-lusophones dans leurs escapades au soleil...
D'un autre côté, parfois il est tout simplement difficile de renoncer à la petite bulle dans laquelle on prend doucement l'habitude de circuler. Il ne faut plus penser en terme de "je" mais de "nous", ce qui n'est pas si fréquent à nos âges.

Mais le plaisir de faire découvrir sa ville, sa super université, ses petits endroits préférés, ses  nouveaux copains remarquables, est incomparable à tous les petits soucis occasionnés! Et puis ça fait des témoins pour "l'après", capables de nous rappeler que même si c'est passé aussi vite qu'un rêve, c'était bien plus que ça!

Et puis il reste la nuit pour travailler et rattraper le retard accumulé!