Manaus
3h à peine d'avion pour quitter la jungle urbaine de São Paulo, pour la chaleur moite des baraques colorées de Manaus. Foisonnante, alambiquée, alarmée, bruyante, polluée, mouvementée, congestionnée, bancale, commerçante, contrastée, Manaus ne manque pas de surprise, ni de charme. Nous sommes reçus par une grande famille, dans une grande maison, pleine de vie, de monde, et de projets!
Comme souvent dans les villes brésiliennes, on trouve le petit îlot colonial du centre ville magnifique mais surprenant d'européanité dans un environnement par ailleurs presque africain!
L'aventure continue pour le but principal de notre voyage, à savoir la forêt!
Premier contact avec la Forêt
Deux jours après l'atterrissage de l'avion, nous voilà dans un bus qui nous éloigne lentement de la civilisation, pour des paysages de plus en plus verts, et sauvages.
Nous sautons du bus pour prendre une barque motorisée sur le fleuve Uburu, un des confluents de l'Amazone. Le soleil tape, le moteur ronfle, le fleuve suit tranquillement son cours, sûr de sa force. Nos premières nuits en hamac nous laissent un peu courbaturés par la position inhabituelle et l'inattendue fraicheur de la forêt.
Notre initiation aux coutumes de la forêt nous fait passer par de la pêche aux piranhas, un barbecue sur la plage, le lever du soleil sur le fleuve, des randonnées en bateau et à pied, des nuits à la belle étoile, qui nous laissent ravis et émerveillés.
Si je ne dois retenir qu'une chose de ce début de séjour (parce que j'écris cet article bien trop tard, les souvenirs se flouent déjà de moi!) c'est le bruit que nous faisons quand nous essayons d'être silencieux. Les longues marches dans la forêt dans l'espoir de surprendre un animal sauvage se faisaient dans le silence de la forêt et le vacarme de notre discrétion.
Bateau entre Manaus et Santarém
L'attente, la chaleur, le bruit, la promiscuité, les crackers et les conserves, l'économie d'eau, les toilettes-sauna, le foisonnement de couleurs des hamacs, l'oisiveté obligatoire, José de Alencar, des conversations, beaucoup de sommeil à rattraper, le paysage toujours similaire mais jamais tout à fait le même, le vrombissement discret du moteur, l'attraction des haltes, l'arrivée, enfin!
Flona
Alter do Chão ne nous retient qu'une nuit dans un premier temps, juste de quoi planifier notre seconde incursion dans la forêt! Cette fois ci il s'agit de la Floresta Nacional do Tapajos. Notre guide, Irassildo nous achemine dans sa jolie barque, jusqu'à sa famille. Papi aux airs d'Indiana Jones, Irassildo a en fait 14 enfants, dont 10 filles qui lui ont déjà fait 23 petits-enfants! 14 enfants de la même femme, la petite dernière a à peine un an et demi.
Couchés avec les poules, levés avec les coqs, nous nous familiarisons de cette façon avec fromagers (c'est un arbre! - je précise on ne sait jamais...), singes, tarentules, et plein d'oiseaux! Ballades en forêt, en rivière et en marécages se succèdent. Grâce à Irassildo on fait la connaissance d'un ragondin, de caïmans et moustiques agressifs. On est trempés, on a le caouet qui nous colle à la peau, on est sales, on est plein de piqûres diverses et variées, on est fatigués, on a faim, mais qu'est-ce qu'on est heureux! Finalement, qu'est ce qui pourrait nous pousser à rentrer? ... La curiosité d'en voire plus ailleurs je suppose! :)
Alter do Chão
Décrite comme "Les Caraïbes de l'Amazone", ou encore, une petite ville colonisés par les touristes hippies qui n'en sont jamais repartis, Alter do Chão ne manque pas de charme. Plages de sable blanc, petites baraques vendant des bricoles pour les touristes, ambiance décontractée et tranquille, c'est le calme avant la tempête!
Bateau entre Santarém et Belém
L'embarquement pour cette seconde partie du voyage est chaotique. Quand finalement nous réussissons à embarquer, on constate avec une pointe de déception que le bateau n'est pas tout à fait le même: il y a plus de cabines, ce qui laisse moins de place pour les hamacs, qui se croisent et s'entre-mêlent littéralement les uns aux autres. La proximité un peu gênante au début, devient vite une habitude. Néanmoins les arrêts fréquents et les allées et venues des nouveaux arrivants changent régulièrement la configuration de l'espace (et pas toujours de manière avantageuse, cela va sans dire!)
J'ai les jambes criblées de piqûres, il y a quelques puces qui se baladent dans les hamacs, il fait chaud, un peu trop sombre, les toilettes sont sales, les gens ont bruyants, les lumières restent allumées toutes la nuit, et pourtant... je suis heureuse de sentir le doux balancement de mon hamac, de n'avoir rien d'autre à faire de que lire, dormir, écrire, manger. De pouvoir fuir la chaleur au profit des courants d'air du pont, de constater les variations subtiles du paysage de jungle que nous longeons. De voire les couleurs vives des hamacs chatoyer, de pouvoir penser plus, de rêver (guide à l'appui!) de mes prochains voyages, de lire des romans, de m'inquiéter pour les petites barques dirigées par des grands enfants, s’accrocher au bateau pour vendre fruits et légumes frais; d'assister au lever et au coucher du soleil puisque dormant dans la journée, on en perd le sommeil la nuit.
Dans quelques heures nous arrivons à Belém, dans quelques jours nous rentrons à Sampa, dans quelques mois je retourne en France, mais le voyage, est loin d'être fini!!
Belém
Ancienne capitale du caoutchouc, "Paris tropicale", pleine de bâtiments de la Belle Époque à des stades de décrépitude plus ou moins avancés, survolée de vautours, envahie par les poubelles du Mercado Ver-o-Peso regorgeant de merveilles et de merdouilles, trait d'union entre l'Atlantique et l'Amazone, Belém la Belle me plait beaucoup. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde et je peux le comprendre. Les contrastes sont parfois difficiles à appréhender et la misère reste très présente. Mais le mystère qui se dégage de chacune des ruelles bigarrées, envahies par des échoppes variées, les dissonances qui s'échappent des disharmonies architecturales, restent fascinantes!
Ilha do Marajo
Des balades en buffle (si, si!), à vélo (si, si!), des plages salées, des coups de soleil, une légère paresse de fin de voyage, mais des moments de grande solitude dans une nature intouchée et intouchable!
Retour
Après 3 semaines intenses aussi bien physiquement qu'au niveau de notre potentiel émotion, on rentre presque soulagés, de belles images et souvenirs plein la tête. Les projets sont légions, ma tête bouillonne d'attente, d'espoirs, d'énergie, d'excitation, ... mais je finis par m'endormir. Même mes grands aventuriers ont droit au repos!